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1. Pouvez-vous vous présenter brièvement ?

Je m’appelle Youssef Agouzoul, je suis né et j’ai grandi à Casablanca. Je suis ingénieur de formation et je travaille aujourd’hui comme responsable marketing produit (Product Marketing Manager) chez Metroscope.

Metroscope est un éditeur de logiciel SaaS qui fournit une solution aux centrales nucléaires et à gaz pour assurer leur fiabilité et leur performance, en s’appuyant sur les dernières avancées en matière de jumeaux numériques et d’intelligence artificielle.

2. Pourquoi avez-vous choisi d'étudier en France ?

Le système d’enseignement supérieur français a le double avantage d’être à la fois excellent et accessible, notamment financièrement. Il se distingue aussi par la diversité des domaines proposés : quel que soit le champ qui vous intéresse, vous pouvez trouver un établissement capable de vous accompagner pour acquérir les compétences nécessaires.

On peut également s’appuyer sur un tissu dense d’entreprises et d’industriels pour mettre en pratique ces connaissances dans des cadres professionnels lors de stages et d’apprentissages. Enfin, la proximité entre les systèmes éducatifs français et marocain rend la transition plus fluide et soutenable, autant sur le plan académique que personnel.

3. Où avez-vous étudié en France et comment s’est passée votre arrivée ?

J’ai d’abord effectué mes classes préparatoires au lycée Henri-Poincaré à Nancy. J’ai ensuite intégré l’ENSEEIHT, où j’ai suivi des cours au département de mécanique des fluides et de ses applications, notamment pour la gestion de l’eau et de l’énergie. J’ai complété mon parcours par une école de spécialité, IFP School, dont l’objectif est de nous confronter au plus près aux enjeux concrets des industriels. J’y ai choisi le domaine de la motorisation.

À mon arrivée, j’ai eu la chance d’intégrer l’internat du lycée. Vivre à l’internat constitue une transition douce et encadrée dans un pays que l’on ne connaît pas encore. On y trouve des conditions propices à prendre progressivement des responsabilités en dehors du cadre académique.

Arriver dans un nouveau pays, sans le soutien immédiat de ses proches, tout en devant gérer des démarches administratives et des études exigeantes, n’est pas chose aisée. Un encadrement adapté, qui réduit cette part d’inconnu, devient alors particulièrement précieux.

4. Avez-vous observé des écarts entre le système éducatif français et marocain ?

Le système marocain met fortement l’accent sur les fondamentaux théoriques. On constate facilement que le niveau en sciences fondamentales est très élevé, notamment en mathématiques et en physique. En revanche, il est généralement moins exigeant sur les langues, les compétences de communication et l’application pratique.

Le système français, tel que je l’ai connu en classes préparatoires et en école d’ingénieurs, est plus équilibré. Il accorde une place importante à la mise en pratique des théories à travers des travaux dirigés et des travaux pratiques, dans des contextes proches du monde professionnel. Il est aussi très attentif aux compétences de communication, ce qui se voit notamment dans le poids donné aux matières dites littéraires dans les notes globales.

5. Avez-vous intégré des associations, clubs ou réseaux étudiants ?

Oui, j’ai été actif dans plusieurs associations liées à l’éducation, un domaine qui me tient particulièrement à cœur.

J’ai notamment été membre de Skoole, qui vise à digitaliser les manuels scolaires grâce à une solution « low tech » accessible même sans connexion Internet. J’ai également participé à Educ’Ride, une association engagée dans l’amélioration de l’éducation au Maroc. Nous avons mené deux initiatives majeures : l’accompagnement des enseignants dans l’usage des outils numériques durant le Covid, puis le programme Bina’a, qui aide des élèves de 6 à 12 ans à imaginer et réaliser des projets pour leur école, afin de leur montrer que leurs idées peuvent devenir réalité.

Ces expériences m’ont appris énormément et laissé des souvenirs précieux. Je recommande vivement l’engagement associatif pendant les études : c’est une façon concrète d’explorer la réalité et un excellent moyen de s’intégrer socialement.

6. Quels ont été les moments les plus difficiles de votre parcours ?

Les moments les plus difficiles de mon parcours ont souvent été liés aux choix d’orientation. On hésite entre plusieurs options, avec peu d’informations, et il est difficile de se projeter quand nos envies profondes restent encore floues.

Dans ces périodes, le soutien de personnes inspirantes, prêtes à partager leur expérience, est précieux. Cela demande aussi de l’initiative : participer à des événements, rejoindre des réseaux, contacter des personnes directement… des démarches qui font souvent la différence.

Pour certains stages, par exemple, je me suis appuyé sur des avis extérieurs. En Master 1, j’hésitais entre un stage à Toulouse et un stage chez BMW à Munich, qui impliquait plusieurs contraintes administratives et financières. Un ancien de mon école m’a encouragé à choisir l’option la plus exigeante.

J’ai finalement passé quatre mois à Munich, une expérience extrêmement enrichissante. Avec le recul, je ne regrette aucune des difficultés traversées : elles se sont vite effacées, mais l’expérience, elle, est restée.

7. Qu’avez-vous appris de plus marquant durant votre expérience en France ?

J’ai appris à apprendre. À plusieurs reprises, j’ai dû repartir presque de zéro pour atteindre un niveau de compétence satisfaisant dans un domaine totalement nouveau.

En m’appuyant sur mes bases en compréhension et en analyse, j’ai développé une méthode pour aborder un sujet inconnu : identifier les ressources pertinentes, structurer mon apprentissage et avancer de manière progressive. Cela implique aussi d’accepter de laisser de côté certaines compétences que l’on n’entretiendra plus, et de traverser une phase d’apprentissage plus ou moins longue, qui demande résilience et persévérance.

Pour moi, apprendre est comme un muscle : il faut le maintenir actif, d’autant plus dans une époque où tout évolue rapidement et où nous devons régulièrement acquérir de nouvelles compétences tout en en abandonnant d’autres.

Le prérequis, c’est de cultiver la conviction que l’on est capable d’apprendre, et de se placer volontairement dans des situations qui nous en apportent la preuve. Avec le temps, ce sont nos expériences d’apprentissage qui finissent par ancrer cette certitude. Porter cette conviction est libérateur : on a moins peur de se tromper ou de se sentir enfermé dans une fonction, car on sait, par expérience, que l’on peut s’adapter.

8. Avez-vous mené des projets, stages ou expériences formatrices ?

Chaque projet, chaque expérience et chaque stage ont joué un rôle dans ma formation. L’élément central, pour moi, a été d’oser vivre des expériences nouvelles. J’ai toujours cherché à élargir mon spectre de compétences tout en les approfondissant verticalement dans certains domaines. Cela m’a conduit à sortir régulièrement de ma zone de confort : partir dans un autre pays, découvrir un nouveau secteur, prendre plus de responsabilités…

Chacune de ces expériences a laissé une trace. Elles m’ont permis à la fois de confirmer mes intérêts, d’identifier mes forces, mais aussi et c’est tout aussi important de comprendre ce que je ne voulais pas faire. Il faut avoir envie de sortir des sentiers battus, de faire un pas de côté et d’être, par moments, déboussolé par la nouveauté.

9. La bourse, a-t-elle été un levier dans votre parcours ?

Oui, la bourse a été un véritable levier d’émancipation. Elle m’a permis de subvenir plus facilement à mes besoins en autonomie et de gagner en indépendance à 21 ans.

Cette autonomie financière m’a donné la liberté de faire des choix plus personnels, assumés, et alignés avec mes envies profondes, sans faire peser ces décisions sur mon entourage.

10. Si vous deviez résumer votre expérience en une phrase ou un mot, que diriez-vous ?

Le mot qui revient naturellement est : apprentissage.

Il résume bien mon parcours. Par curiosité et par intérêt, j’ai cherché à découvrir de nouveaux domaines et à approfondir ma compréhension de ceux que je connaissais déjà. Cela a été le cas pendant mes études, en choisissant des écoles d’application puis une spécialisation, et c’est encore vrai aujourd’hui dans ma vie professionnelle.

Je suis attiré par les sujets qui m’amusent et me stimulent intellectuellement. Pour cela, il faut à la fois que le sujet m’intéresse et que j’y consacre suffisamment de temps pour en comprendre les subtilités.

11. Avez-vous été confronté à une sorte de reconversion professionnelle ?

Oui, à plusieurs reprises.

De formation ingénieur, j’ai d’abord pris la responsabilité de structurer la fonction « Customer Success » dans mon entreprise, un département que nous avons créé pour accompagner un nombre croissant de clients en abonnement. Ce rôle, à mi-chemin entre le conseil et la relation client, était totalement nouveau pour moi.

Pour monter en compétences, je suis allé chercher l’information là où elle se trouvait : formations animées par des professionnels, ouvrages de référence, échanges avec d’autres praticiens, en direct ou au sein de communautés spécialisées.

Aujourd’hui, je travaille en marketing produit, un domaine, là encore, relativement nouveau. J’applique la même démarche : lectures ciblées, échanges réguliers, formations, retours d’expérience… autant d’ingrédients qui me permettent de gagner en pertinence dans ce poste.

Malgré ces transitions, rien n’est jamais perdu : chaque expérience apporte une valeur ajoutée et donne une coloration particulière à mon profil, qui devient au final un véritable atout.

12. Où vous voyez-vous dans cinq ans ?

Dans cinq ans, je me vois toujours engagé dans des activités cohérentes avec mes valeurs et mes envies. Il m’est difficile aujourd’hui de donner un intitulé de poste précis, mais je sais que je chercherai à utiliser mes forces et mon temps pour contribuer à des projets ayant un impact positif sur la société.

J’ai la ferme conviction que nous portons tous une part de responsabilité dans la construction d’un monde meilleur et que, par notre engagement quotidien, quelle que soit son échelle, nous pouvons y contribuer.

Je veux aussi faire des choses qui me plaisent réellement : c’est, selon moi, la meilleure façon d’y mettre de l’énergie, de l’engagement et d’inscrire cette contribution dans la durée.

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