Pouvez-vous vous présenter brièvement ? 

Je m'appelle Anas Abdelhakmi, et je suis actuellement doctorant en recherche opérationnelle à la National University of Singapore (NUS). Mon parcours académique a débuté au Maroc, où j'ai obtenu mon diplôme d’ingénieur en Industrial Management à EMINES, la School of Industrial Management de l’Université Mohammed VI Polytechnique (UM6P).

Pourquoi avez-vous choisi d'étudier en France ? 

En réalité, je n'ai pas étudié en France. J'ai eu la chance de bénéficier d'une formation d'excellence au Maroc, au sein de l'UM6P. Ce cursus m'a permis de rester dans mon pays d'origine tout en recevant une éducation de très haut niveau, comparable aux meilleurs standards internationaux. Par la suite, mon désir de poursuivre une recherche de pointe dans mon domaine m'a conduit à Singapour, pour intégrer le prestigieux programme de doctorat de la NUS.

Où avez-vous étudié et comment s’est passée votre arrivée ? 

Mon arrivée à Singapour a été un véritable défi, d'autant plus que je suis arrivé en pleine période de COVID. L'adaptation à cette nouvelle culture a été difficile au début. Les restrictions sanitaires limitaient les interactions, ce qui a renforcé le sentiment d'isolement. Cependant, une fois les restrictions levées, j'ai pu découvrir la richesse de la vie à Singapour et m'intégrer pleinement, transformant cette épreuve initiale en une expérience très formatrice.

Avez-vous observé des écarts entre le système éducatif que vous avez connu et celui de votre pays d'accueil ? 

La formation d'excellence que j'ai reçue à EMINES m'a remarquablement bien préparé pour le niveau d'exigence de la NUS. Le système ici à Singapour est extrêmement compétitif et très axé sur l'innovation et la recherche de pointe. Alors que mon cursus à l'UM6P m'a donné des bases théoriques et pratiques très solides, la NUS pousse constamment à dépasser ses limites, à publier dans des revues de premier plan et à avoir un impact tangible dans son domaine de recherche.

Avez-vous intégré des associations, clubs ou réseaux étudiants ? 

Oui, absolument. Au-delà du cercle académique, je me suis investi dans la vie sociale locale. Je suis notamment l'un des administrateurs d'un des plus grands groupes d'expatriés pour organiser des rencontres de beach-volley. Cela m'a permis de rencontrer des personnes de tout horizons, de partager ma passion pour le sport et de créer un véritable réseau amical en dehors de l'université, ce qui a été essentiel pour mon équilibre et mon intégration à Singapour.

Quels ont été les moments les plus difficiles de votre parcours ? 

Les plus grands défis ont été d'ordre culturel et personnel. L'adaptation à la nourriture a été une chose, mais le plus marquant a été le choc culturel. Je viens d'une culture marocaine très chaleureuse et ouverte, et je suis arrivé dans une société plus réservée où les gens sont plus dans leur bulle. Surmonter ce sentiment de solitude et apprendre à créer de nouvelles relations dans ce contexte ont été l'un des aspects les plus difficiles de mon intégration.

Qu’avez-vous appris de plus marquant durant votre expérience ? 

Cette expérience a été une véritable accélération de maturité, tant sur le plan personnel qu'académique.

Sur le plan personnel, le fait de me retrouver à Singapour sans le réseau marocain auquel j'étais habitué m'a forcé à rebâtir mes repères sociaux. J'ai créé mon propre environnement, ce qui a incroyablement développé ma capacité d'adaptation et ma résilience.

Sur le plan académique, ce fut une immersion totale dans l'excellence. J'ai aiguisé mes compétences en apprenant à piloter des projets de recherche complexes en toute autonomie et, surtout, à collaborer avec des chercheurs de renommée mondiale. Cela a profondément enrichi ma vision de la recherche et m'a donné le courage de viser les plus hautes contributions scientifiques.

Avez-vous mené des projets, stages ou expériences formatrices ? 

Oui, mon parcours est fortement ancré dans la collaboration entre l'académie et l'industrie. J'ai eu la chance de travailler sur des projets concrets et de mener des expériences très formatrices à Singapour. Par exemple, je collabore étroitement avec des partenaires de renom comme Singapore Airline, où je gère la modélisation des systèmes de recommandation. J'ai aussi eu l'opportunité de participer à un programme de mentorat en recherche quantitative avec J.P. Morgan, une expérience cruciale pour appliquer mes compétences en finance. Ces collaborations sont essentielles pour transformer la recherche théorique en impact réel.

La bourse a-t-elle été un levier dans votre parcours ? 

Absolument. La bourse a été un soutien essentiel, surtout dans un pays où le coût de la vie est aussi élevé que Singapour. Elle m'a offert la sécurité financière pour me concentrer pleinement sur mes recherches, mais elle a surtout été une porte ouverte sur la région. Elle m'a permis de prendre des vacances pour explorer l'Asie du Sud-Est, faire des voyages en Thaïlande, en Indonésie, et de véritablement m'immerger dans de nouvelles cultures. C'est un enrichissement personnel crucial, en plus des opportunités de rentrer voir ma famille au Maroc chaque été.

Si vous deviez résumer votre expérience en une phrase / un mot, que diriez-vous ? 

De l'UM6P à NUS : s’adapter, apprendre, transmettre, impacter.

Où vous voyez-vous dans cinq ans ? 

Dans cinq ans, je me vois occupant un poste de professeur au sein d'une institution académique de recherche de calibre mondial. Mon ambition est de fonder et de diriger mon propre laboratoire, de marquer une contribution significative à l'avancement de la connaissance dans mon domaine. Plus important encore, je souhaite inspirer et transmettre à la prochaine génération de chercheurs les outils nécessaires pour atteindre, à leur tour, l'excellence académique internationale.